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Le Chêne 90 : Les Gaullistes du Renouveau
30 mai 2008

2288 jours.....

5_20ans

La mort de son chef pourrait menacer l'unité des FARC
30/05/2008 - Le Monde

La dernière grande guérilla marxiste d'Amérique latine va-t-elle survivre à la mort de son dirigeant historique, Manuel Marulanda ? Les familles des otages aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) s'inquiètent. Analystes et "farcologues" s'interrogent.

"Rien ne nous permet d'espérer que les choses vont changer à court terme. La guérilla campe apparemment sur ses positions guerrières, le gouvernement d'Alvaro Uribe aussi", avance Juan Carlos Lecompte, le mari d'Ingrid Betancourt qui se sent "désespéré".

La mort du fondateur des FARC remonte au 26 mars, mais elle n'a été connue que le week-end des 24 et 25 mai. Dans une vidéo diffusée par la télévision vénézuélienne, le chef rebelle chargé d'annoncer la nouvelle a également fait savoir qu'Alfonso Cano avait succédé à Manuel Marulanda. L'inhabituelle qualité technique de l'enregistrement - trois caméras ont filmé la scène - a conduit à s'interroger sur sa provenance. Jeudi 29 mai, Caracas a démenti qu'elle ait été tournée au Venezuela.

Mardi, le ministre colombien de l'intérieur, Carlos Holguin, avait réitéré l'objectif de son gouvernement "d'exterminer" les chefs guérilleros, avant de déclarer que "les portes de la négociation restaient ouvertes".

"La politique sécuritaire engagée depuis six ans est en train de porter ses fruits. On ne voit pas pourquoi le gouvernement, en position de force sur le plan militaire, accepterait de céder aux FARC", note Rodrigo Pardo, directeur de l'hebdomadaire Cambio. Depuis dix-huit mois, les FARC accumulent les revers militaires.

Deux membres du "secrétariat" - la direction collégiale de l'organisation armée - et trois commandants guérilleros importants ont été tués. Les progrès réalisés en matière d'interception des communications, grâce à l'aide et à la technologie des Etats-Unis, donnent désormais à l'armée un avantage décisif.

Manuel Marulanda était un paysan. Il est remplacé par Alfonso Cano, que les médias présentent comme l'idéologue des FARC, chef de file supposé des modérés au sein de l'organisation. Mais, selon le général Mario Montoya, qui dirige l'armée de terre : "Il ne faut pas se faire d'illusions, Alfonso Cano est tout aussi terroriste que les autres."

"Seule la pression militaire pourra contraindre les FARC à négocier", juge Marta Lucia Ramirez, ancien ministre de la défense. Elle veut croire "qu'Alfonso Cano, un homme intelligent et cultivé, va comprendre qu'il n'a d'autres choix que de négocier très vite la libération des otages".

"Les FARC préféreront se faire exterminer plutôt que de négocier en position de faiblesse", affirme Esteban, un ex-guérillero qui a déserté après dix-sept ans passés dans le maquis. Il doute que les chefs guérilleros se sentent vraiment menacés. "Pourquoi accepteraient-ils de négocier avec un gouvernement fragilisé par les scandales politiques ?", s'interroge-t-il. Une trentaine de députés de la majorité sont sous les verrous, soupçonnés d'avoir entretenu des liens avec les milices paramilitaires d'extrême droite.

En rappelant que "quarante-quatre ans de léninisme ont forgé une culture politique solide", le déserteur juge que "l'unité des FARC n'est pas menacée par la disparition de Manuel Marulanda". Mais Alfonso Cano saura-t-il imposer son autorité aux autres membres du secrétariat et aux 9 000 combattants de base que compte encore l'organisation ? Confronté au défi de la succession, il est peu probable que le nouveau chef des FARC prenne à court terme le risque d'un revirement sur le dossier des otages.

De l'avis des observateurs, les risques de fragmentation des FARC sont réels. Répartis sur le territoire national, isolés les uns des autres, les différents bataillons pourraient être tentés de jouer la carte de l'autonomie. "Les fronts qui détiennent des otages pourraient alors être tentés de les négocier au meilleur prix, sans consulter la direction", pointe un fonctionnaire du ministère de la défense.

Un scénario qui n'est pas forcément encourageant pour les familles des otages. Comme le note Juan Carlos Lecompte, "c'est paradoxalement la force des FARC qui a, jusqu'à présent, garanti la sécurité de leurs victimes".

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