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Le Chêne 90 : Les Gaullistes du Renouveau
4 novembre 2010

Devoir de réponse

"Plusieurs d'entre nous, parlementaires du Chêne, ont regardé le documentaire-fiction signé Serge Moati et intitulé Je vous ai compris, De Gaulle 1958-1962 que France 2 a diffusé mardi 2 novembre en soirée. Il s’agit d’un montage d’archives filmiques et de scènes jouées par des acteurs, le tout entrecoupé d’interventions d’historiens.

Bien sûr, chacun porte un regard subjectif sur l'histoire surtout lorsque celle-ci est récente et passionnée et nous n'échappons pas à cette règle.

Pourtant, nous avons été à tout le moins surpris par la manière quelque peu militante dont le sujet a été traité.

Une thèse y est présentée : celle d'une sorte de complot préparé de longue date et devant conduire, coûte que coûte, au retour du Général de Gaulle au pouvoir, quel qu'en fût le prix.

Le film serait au demeurant parfaitement recevable si son auteur l'avait ainsi présenté.

Il n'en a rien été, celui-ci voulant faire oeuvre d'historien et prétendant servir la vérité.

Il eût fallu pour cela un débat et des analyses contradictoires. Or, on eut une juxtaposition de points de vue que le réalisateur s’estima libre de faire converger, caméra au poing, vers une réduction de l’action du Général de Gaulle à une entreprise cynique de prise de pouvoir. Son rapport à la France est rabaissé au rang d’une sorte d’entêtement. Autant dire qu’il est évacué.

Ce procédé qui tend à transformer une thèse en vérité nous dérange. D'autant que dans le cas présent la thèse est erronée.

Elle est erronée parce que, présentant le Général de Gaulle comme un homme cynique fasciné par le pouvoir et obsédé par sa conquête, elle oublie quelques faits particulièrement symptomatiques.

Que cette thèse est loin de la réalité et en totale contradiction avec la pratique qui fut celle du Général de Gaulle qui par trois fois renonça au confort et aux ors de la République, en 1940 lorsqu'il part, seul, à Londres, en 1946 lorsqu'il quitte le pouvoir et en 1969 lorsqu'il renonce à son mandat ! Jamais le pouvoir ne fut pour le Général de Gaulle une finalité. Seule la France et sa place dans le monde le furent.

Elle est erronée ensuite parce qu'elle oublie pudiquement de rappeler le contexte de l'époque. Une IVème République discréditée par la valse des Gouvernements et l'instabilité ministérielle, incapable d'apporter des solutions au drame algérien comme elle fut incapable de traiter de l'Indochine.

Que l'enlisement algérien ait permis le retour de Gaulle au pouvoir, c'est une évidence. Que de Gaulle, en revanche, ait « surfé » cyniquement sur ce drame est une réécriture de l'Histoire.

Elle est erronée enfin dans la tonalité qu'elle donne de la psychologie du personnage, finalement rabaissé au rang d'un politique ordinaire par ses petits calculs mesquins et égoïstes. C'est en tout cas le fil subreptice que noue la suite des commentaires et des interviews mis bout à bout.

La complexité douloureuse de la situation en Algérie, l’inquiétante détermination d’une armée humiliée par la chute de Diên Biên Phu, l’instabilité des gouvernements successifs de la IVème République et l’ambition de l’homme du 18 juin de servir un pays qu’il estimait affaibli par le régime des partis, méritaient mieux. Peut-être eût-il fallu que le réalisateur acceptât de considérer le Général de Gaulle comme une figure hors du commun.

Il est difficile de s’élever au-dessus de son époque et la nôtre, avec sa médiocrité ambiante, est à cent lieues de cette haute idée de la Nation et de l'Etat qui animait le Général de Gaulle."

Alain Gournarc
Sénateur des Yvelines
Maire du Pecq

Serge Grouard
Député du Loiret
Maire d'Orléans
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